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SUR LES CHEMINS DE COMPOSTELLE

Depuis mon arrivée à Contamine-Sarzin en 1990, je croise régulièrement, notamment sur la voie communale qui mène au pont de Peccoud, des marcheurs invétérés bravant le froid, la chaleur et les intempéries.


Gravure du XVIIIe d’une statue d’un pèlerin revenant de Saint-Jacques de Compostelle

(photo source delcampe.fr)


Je ne connaissais rien sur les chemins de Compostelle ni sur leur histoire. Ce sujet m’a intéressé à partir du moment où j’ai rencontré plusieurs personnes âgées de 25, 42, 65, 67 et 70 ans (François, Nathalie, Chaïm, André et Georges) qui ont eu, à un moment bien précis de leur vie, le courage d’entreprendre en partie ou complètement ce périple. Certains ont réussi, d’autres ont échoué, mais il est certain que cette expérience a changé leur comportement et leur vie. La plupart de ces connaissances ont accompli cette longue marche pour des raisons personnelles et non pas pour des raisons religieuses.


Ici Chaïm avec Mireille le 6 juillet 2012. Partis depuis Genève, ils ont passé une nuit de repos à mon domicile

(photo MT Buda)


Au commencement, il y avait effectivement la foi mais de nos jours d’autres motivations habitent celles et ceux qui accomplissent cette marche. Mais peu importe. J’aimerai seulement vous parler des chemins de Compostelle puisqu’un de ces itinéraires passe par le Val des Usses et traverse notamment le village de Contamine-Sarzin.


Contamine-Sarzin

Carte source site www.gr-infos.com


Le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle est l’un des trois grands pèlerinages de la chrétienté avec ceux de Rôme et de Jérusalem (source Wikipédia).


L’ouvrage le plus ancien évoquant le pèlerinage de Saint-Jacques est le Codex Calixtinus qui remonterait aux années 1150. Il comporte 5 livres. Il s’agit d’une compilation de textes dont les rédactions successives s’échelonnent sur deux ou trois siècles. Le manuscrit est conservé à la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle (source Wikipédia).


Statue de Saint-Jacques en bois datant du 16ème siècle qui se trouve dans la basilique de Notre-Dame à Cléry dans le Loiret

(photo source delcampe.fr)

Codex Calixtinus



Gravure d’un pèlerin de Saint-Jacques datée de 1568


(Documents source Wikipédia)


Mais plutôt que de m’intéresser aux écrits basés sur la religion, je préfère rechercher des récits authentiques qui se réfèrent à des moments personnels vécus. Et c’est ainsi que j’ai découvert dans une notice sur Marlioz, publiée en novembre 2012 par l’Association Rhône-Alpes des Amis de Saint-Jacques, une information capitale qui m’a permis d’orienter mes recherches.

J’ai donc appris qu’au 15ème siècle un moine des environs de l’Abbaye de Strasbourg, Herman Künig von Vach, avait rédigé un guide rimé à l’usage des pèlerins. Ce guide a été imprimé en 1495 à Strasbourg et il regroupe des renseignements et recommandations parfois succincts sur notamment les itinéraires à prendre, les lieux d’hébergement ainsi que les auberges à fréquenter.


L’itinéraire débute au sud du lac de Zürich à Einsiedeln (ObereStrasse). Le retour (NiederStrasse) traverse toute la France et se termine par Aix la Chapelle pour entrer en Allemagne.

Carte source Internet xacobeo.fr

Illustration du guide de 1495

(documents, textes et traductions source Internet xacobeo.fr)


Quelques explications sont nécessaires pour comprendre le chemin à parcourir depuis la France car certains lieux ne sont pas explicitement nommés.

La région Rhône-Alpes est un passage obligé pour les pèlerins venant du fond de l’Europe. Ils traversent notre région et continuent vers Compostelle en Galice (au nord-ouest de l’Espagne) empruntant des chemins qualifiés en 1987 de « premier itinéraire culturel européen » par le Conseil de l’Europe et classés en 1998 au patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO.

(source site amis-st-jacques.org)


Tous les marcheurs reconnaissent facilement la signalétique apposée sur les poteaux et panneaux indicateurs qui jalonnent les chemins à emprunter (les pèlerins suivent les voies signalées par une coquille jaune sur fond bleu). Dans l'histoire du pèlerinage à Compostelle, quatre villes françaises se sont imposées comme points de ralliement et elles sont aujourd'hui le point de départ pour la majorité des pèlerins :


Carte source wikipédia

Dessin de la commanderie de Compesière  à Bardonnex (source site Internet fracademic.com)

Les pèlerins qui arrivent dans notre région (en provenance de France et aussi d’autres pays comme l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et la Belgique) rejoignent la voie du Puy en Velay. Cette voie se situe à 1530 km environ avant d’atteindre Compostelle. C’est actuellement la plus fréquentée car elle est entièrement balisée et elle comporte beaucoup de centres d’accueil et d’hébergement.


Document de 2016

 (source Office de Tourisme du Val des Usses)

Pour parvenir à Contamine-Sarzin, les pèlerins arrivent soit directement depuis Minzier par le pont de Peccoud,

soit depuis Marlioz (nouvelle variante) après avoir traversé la forêt de ce village et découvrir la chapelle restaurée entre 2010 et 2012.


photo MT Buda 23 avril 2008

photos MT Buda 30 décembre 2018

A l’entrée de Contamine-Sarzin, les marcheurs passent devant la petite grotte de Lourdes érigée entre 1940 et 1945. Un panorama magnifique s’offre alors aux yeux avec d’un côté la chaîne des Alpes et de l’autre côté la chaîne du Jura.

Une fois tous les 3 ans, le 15 août, les fidèles se réunissent à la grotte pour la célébration de la messe de l’Assomption et les paroissiens de Saint-Jacques du Val des Usses à Frangy s’y retrouvent.


Photos MT Buda 21 avril 2012 et 15 août 2013

Un point d’eau potable et un banc sont à la disposition des pèlerins et du public.


(photos MT Buda 27 décembre 2018)

Ultreïa est une expression d’origine latine qui signifie aller toujours plus loin et toujours plus haut. Elle est principalement liée au pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Ce mot est également associé à des chants médiévaux rapportés dans le Codex Calixtinus (source Wikipédia).


L’itinéraire qui transite ensuite par la route du Mont de Musièges amène les marcheurs à Frangy où ils peuvent découvrir le Grand Pont inauguré en 1677 sous le règne de Victor Amédée II de Savoie.


La paisible route du Mont qui relie Contamine-Sarzin à Musièges offre de beaux paysages vallonnés

(photo MT Buda 27 décembre 2018)

Fresque murale à Frangy réalisée par Sylvie Rossignol, artiste annécienne

(photo MT Buda 4 janvier 2019)

Pour revenir à Contamine-Sarzin à l’entrée de la route du Mont, sur la partie droite de la voie communale, un oratoire avec un bas-relief intitulé «  le dépouillement du pèlerin »a été inauguré le 7 juillet 2001. Le sculpteur est Stéphane Gantelet en hommage à son père Léo qui a effectué le pèlerinage de Seynod à Compostelle en 1999.

J’aimerai bien citer ici les paroles du père Dumas qui a procédé à la bénédiction : « le chemin de Saint-Jacques de Compostelle est toujours un chemin de spiritualité. Que l’on soit croyant, moins croyant ou pas croyant du tout, il y a toujours au bout du chemin une découverte de la vérité ».


Photos MT Buda 27 décembre 2018

Parmi ses affaires, le pèlerin ne peut oublier d’emporter la « credencial » qui est une sorte de carnet de route. Il permet notamment l’accès aux hébergements dans la limite des places disponibles. Le détenteur de ce document garde ainsi une trace des lieux traversés grâce aux tampons apposés par les gîtes ou les Offices de Tourisme.


Ici un exemple de « credencial »

photo source Internet momondo.fr

Pour Contamine-Sarzin, deux tampons pour appliquer sur la credencial. 

Documents source site lesamisdecontaminesarzin.fr

Une pensée pour les pèlerins installée sur une paroi en pierre à Cassagnole près de Faycelles dans le Gard.


(photo de 2016, source Internet)