Les commémorations du centenaire du 11 novembre 1918

Respect, souvenir et devoir de mémoire


Ce devoir de mémoire est rendu nécessaire pour que les jeunes générations puissent prendre conscience de la valeur de la paix en Europe mais aussi dans le monde.

J’ai déjà abordé la première guerre mondiale qui a fait l’objet d’une exposition en 2014 dans les locaux de l’Office de Tourisme du Val des Usses à Frangy. A mes yeux il est utile de refermer la porte sur ce douloureux passé pour des millions de personnes tout en gardant à l’esprit que la paix ne naîtra que de la paix.


Ce conflit a ravagé de nombreux pays et a disloqué la stabilité de l’Europe par le déplacement des frontières et des populations. Les pertes humaines s’élèvent à environ 18,6 millions de morts dont 9,7 millions pour les militaires et 8,9 millions pour les civils (source Wikipédia). Ci-dessous un des premiers récapitulatifs sur les pertes humaines publié en mars 1919 pendant les négociations de paix à Versailles (source Wikipédia).


Les pertes humaines en Savoie, selon les chiffres officiels, s’élèvent à 19’632 soldats morts (source Wikipédia).Ce chiffre représente 4,5 % de la population. Pour les 8 communes du Val des Usses, les monuments aux morts qui ont été érigés entre 1920 et 1925 sont là pour rappeler le sacrifice de tous ces jeunes combattants. Pour une population totale de ces 8 communes recensée en 1911 de 4500 habitants, 240 soldats ont péri.








Ce dernier chiffre est à interpréter avec une certaine réserve car les noms de certains soldats ne figurent pas sur tous les monuments aux morts pour diverses raisons (cas notamment où les dépouilles n’ont pu être identifiées au moment de la construction du monument ou encore lorsque les familles ont souhaité inscrire le nom de leur défunt dans une autre commune).


A Contamine-Sarzin, la cérémonie s’est déroulée sous la pluie ce 11 novembre à 9h00




Article du Dauphiné Libéré du 13 novembre 2018

(source site Internet ww.contamine-sarzin.fr)


Le monument installé en face de la mairie comporte sur la partie haute et sur deux faces, les noms des 20 soldats disparus au cours de ce conflit. Un 21ème soldat, Léon Claude Martig, mort le 29 septembre 1915, est inscrit sur le monument de la commune de Péron dans l’Ain.


Photos MT Buda 26 janvier 2012 et 11 novembre 2018

Plus tard dans la matinée, la municipalité de Frangy organise une cérémonie plus substantielle puisque ce village était jusqu’en mars 2015 l’ancienne division administrative (le canton de Frangy regroupait alors 12 communes).

Sur une population de 1179 habitants en 1911 à Frangy, 47 soldats sont morts.


C’est toujours avec une certaine émotion et une certaine ferveur que le public se rassemble pour participer à ces commémorations depuis des années. Aujourd’hui, le centenaire est une journée historique et une foule nombreuse arrive peu à peu sur la place de l’Eglise.


Le monument aux morts en 1925

(photo souce delcampe.fr)

Pour cet événement si particulier de 2018, la chorale des enfants de l’école élémentaire chante la mélodie Les pailles d’Or Brisées. Chaque chanteur dépose ensuite une fleur blanche au pied du monument aux morts.


(photo MT Buda 11 novembre 2018)

(photos MT Buda 11 novembre 2018)


Après le discours de Monsieur le Maire et le dépôt de gerbe, la chorale A Travers Chants accompagnée par l’Harmonie de Frangy entonnent le Chant des Allobroges, le magistral hymne de la Savoie qui a pour thème la liberté. J’aime beaucoup ce chant militaire très entraînant et très agréable à écouter.


Joseph Dessaix

Photo site Internet musique-militaire.fr


Les paroles de ce chant ont été écrites par Joseph Dessaix (1817-1870), écrivain populaire, et la musique a été composée par Guiseppe Conterno, chef de musique dans l’armée de Piémont-Sardaigne. Cet hymne a été chanté pour la première fois à Chambéry le 11 mai 1856. Le nom fait référence à l’ancien peuple celte des Allobroges installé sur les terres de Savoie au début du IIIe siècle av. J-C.


Carte du territoire des Allobroges (source  Internet)

Au 4ème siècle, le territoire des Allobroges deviendra Sapaudia (le pays des sapins) puis Sabaudia, Savogia, Savoye pour devenir Savoie.

Après la clôture de cette émouvante célébration, le public est invité à visiter une exposition réalisée par les membres de la bibliothèque municipale de Frangy.


(Photos MT Buda 11 novembre 2018)


L’enfer des tranchées en première ligne

A l’arrière, les usines d’armement fonctionnent à plein rendement car après un mois de conflit, l’armée manque déjà de munitions. Il faut produire au moins 100’000 obus par jour pour les canons de 75.


 

L’effort de guerre s’applique à tous, même aux animaux.

Les déchets contenant notamment du plomb, de l’arsenic et du mercure vont continuer à polluer les sols et les rivières bien au-delà de 100 ans.

Le nombre d’obus tirés par les belligérants entre 1914 et 1918 est estimé à 1 milliard ;

 15 % n’auraient pas explosé

(source lefigaro.fr)

La guerre des images et des chiffres

Les femmes également paieront un lourd tribut durant cette guerre. Elles travaillent jusqu’à 11h00 par jour dans les usines d’armement en manipulant du matériel dangereux et toxique.

 Entre 1914 et 1918 elles fabriqueront plus de 300 millions d’obus (source Wikipédia.org)

Dans une usine de Hauts de Seine, des enfants poussent un chariot chargé de 6 obus. Chaque obus pèse en moyenne 7 kg. En 1914, les enfants peuvent travailler à partir de 13 ans pour une durée maximale de 10 heures par jour (photo source journals.openedition.org)

Des vérités qui dérangent toujours

Photos source delcampe.fr

Photos source delcampe.fr


Photos source delcampe.fr


Héros, qui avez été versés en masse dans la terre comme du blé

Froment pur dont l’étroit sillon impassable a été comblé,

Qui flamboie et qui foudroie depuis les Vosges jusqu’à la Mer du Nord,

C’est à vous que va ma pensée, vous surtout dans les pieds des vivants qui êtes les morts.


Paul Claudel (Aux Morts des Armées de la République)


Comment un assassinat perpétré à Sarajevo le 28 juin 1914 a-t-il pu engendrer une guerre mondiale aussi dévastatrice ?

Les causes sont complexes et multiples, dont notamment les tensions entre les états, le jeu des alliances militaires, les rivalités coloniales, le manque de conciliation. Néanmoins, les diverses interprétations des historiens peinent beaucoup à expliquer les 18,6 millions de morts et les 20 millions de blessés (chiffres  source wikipédia).

Inévitablement, toute l’Europe sortira affaiblie par les conséquences de ce conflit, tant sur le plan humain (perte de millions de soldats, déclin de la natalité,etc.) que sur le plan économique (déficit commercial, augmentation de la dette, etc.).

Pourquoi cette guerre ?

Et je terminerai cet hommage par une citation de Charles Kuentz (1895-2005), dernier vétéran français de l’Armée Impériale de Guillaume II lors de la première guerre mondiale. Alsacien Lorrain il est mobilisé sous l’uniforme allemand en 1916 et après le conflit il demandera la nationalité française (source Wikipédia).

Aux générations futures, je dirais : soyez les messagers de la paix, soyez les passeurs de la mémoire de la Grand Guerre, car cette tragédie ne devra jamais être oubliée. Sinon elle risque de recommencer.