J’ai découvert la tour de Mons le 3 décembre 2016 lors de la visite du four à bois situé à Vanzy à l’occasion du Téléthon. Ce vestige isolé a été construit sur une butte au lieu-dit Chez Martian dont l’accès par un petit sentier nécessite de nos jours un certain effort.


LA SECRETE TOUR DE MONS

ET

LE MYSTERIEUX CHÂTEAU DE VANZY

Photo source delcampe.fr

Les tours de Mons ou tour de Mons sont les vestiges d’un château du 13ème siècle, siège d’une seigneurie apparue vers la fin du 12ème siècle (vers 1290), ayant appartenu à la famille d’Arlod, vassale des comtes de Genève. Cette construction permettait le contrôle de la vallée des Usses et de la région de la Semine (source Wikipédia).

Extraits du plan cadastral du 10 février 1908

(source Archives Départementales de la Haute-Savoie, côtes 3P 3/8969 et 3P 3/8973)


En 1237, Pierre II de Savoie (1203-1268) entre en guerre contre le comte de Genève.

Pierre II de Savoie ayant été capturé et blessé, la maison de Genève est condamnée à payer une forte amende par le comte de Savoie Amédée IV (frère de la victime). Ne pouvant payer, elle donne en gage certains biens fonciers et châteaux dont la seigneurie d’Arlod (source Wikipédia).


Pierre II de Savoie

(Source Wikipédia)

En 1281, un Guillaume d’Arlod est le premier seigneur connu de Mons d’après un acte de reconnaissance de fief (source Wikipédia).


Mémoires & documents publiés par l'Académie salésienne page 358, tome 61 de 1943 (source BNF)


L’armorial de la famille d’Arlod porte D’argent au lion de sable, armé et lampassé de gueules ou de sable au lion d’argent. La devise est Nobilis, miles, potens (puissant chevalier noble).


Source Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie par le Cte E. Amédée de Foras édité en 1878

Volume 1, page 68 (source BNF-Gallica)


Ces vestiges médiévaux sont les plus anciens et les mieux conservés de la Semine. Le site a d'abord été édifié pour une fonction de guet, évoluant ensuite vers un habitat de plaisance (source Wikipédia). Les photos de la tour qui sont disponibles à partir de 1907 montrent les restes bien dégagés d’un bâtiment ce qui n’est plus du tout le cas actuellement.

Ci contre la tour de Mons vers 1907 et ci-dessous en 1926

Photos source delcampe.fr

De nos jours, la végétation a totalement envahi le site. La tour de près de 12 mètres se dresse toujours face aux aléas du temps, gardienne depuis des siècles de la belle vallée des Usses.



Photos MT Buda 7 avril 2018

Première partie

la tour de Mons

Seconde partie

Le château de la Fléchère à Vanzy


Il y avait longtemps que je souhaitais m’intéresser à ce château que j’aperçois depuis bientôt 30 ans à chaque fois que je me rends à Bellegarde sur Valserine pour rendre visite à des connaissances et amis.


(photo source delcampe.fr)


Extrait du plan cadastral du 10 février 1908

(source Archives Départementales de la Haute-Savoie, côte 3P 3/8972)


Et c’est tout-à-fait par hasard, au cours d’une conversation avec Nicole, qu’il m’a été permis d’obtenir un rendez-vous avec Liliane propriétaire des lieux depuis 1961. Cette personne a eu l’obligeance de me recevoir le 25 mai 2018 pour une visite guidée sur ce site chargé d’histoire et de mystère.



Une partie de l’enceinte du château

(photo google map août 2014)


Ancienne entrée du château

(photo google map août 2014)

Dès mon arrivée dans la cour, j’ai été immédiatement subjuguée par l’architecture des différents édifices qui ont su résister au temps.


Une partie de la cour avec le bâtiment de la ferme

(photo MT Buda 25 mai 2018)


Le local des gardes vu depuis la route

(photo google map août 2014)

Le local des gardes depuis la cour intérieure avec les différentes meurtrières

(photo MT Buda 25 mai 2018)


Sur les façades de magnifiques linteaux en accolade ornent certaines fenêtres et portes.


Ci-contre, un dessin représentant une fenêtre équipée d’un linteau en accolade en pierre (source wikisource.org)

Photos MT Buda 1er août 2018

Les avis des historiens sont très partagés sur les origines de ce château et sur ceux qui l’ont occupé. Il semblerait toutefois que le château ait été le siège d’une seigneurie, apparue vers la fin du 12ème siècle, ayant appartenu à la famille d’Arlod, vassale des comtes de Genève (source Wikipédia).


En 1281, Guillaume d’Arlod est le premier seigneur connu de Mons d’après un acte de reconnaissance de fief (source Wikipédia).


En 1281, Guillaume d’Arlod est le premier seigneur connu de Mons d’après un acte de reconnaissance de fief (source Wikipédia).

Ne = noble

Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie par le Cte E. Amédée de Foras édité en 1878, volue 1, page 70

 (source BNF-Gallica)

Les membres de cette même famille vont ensuite se succéder : Jean d’Arlod prête hommage le 2 septembre 1338 au comte de Genève, puis sa fille Jeannette qui le 8 mai 1413 reconnaît détenir le château en fief.


Textes source Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie par le Cte E. Amédée de Foras édité en 1878

Volume 1, page 71 (source BNF-Gallica)



Jeannette d’Arlod, veuve, épousera en 1436 Noble et Puissant Girard d’Arlod, chevalier et seigneur de Mons.

Ensuite, le château passe aux seigneurs de la Fléchère de la Semine qui vont s’illustrer dans l’histoire de la Savoie et qui, grâce à de judicieux mariages, acquirent de nombreux biens dans la Semine et dans le Genevois.


Texte source Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie par le Cte E. Amédée de Foras édité en 1892

Volume 2, page 389 (source BNF-Gallica)

Peut-être que le premier seigneur de la Fléchère en Semine fut Jacquemet (écuyer ducal) qui épousa en 1406 Jeannette de Molliens. Vont ainsi se succéder Guillaume (seigneur de la Fléchère de Concise) mort avant 1464, François (seigneur de la Fléchère et coseigneur de la Semine), Claude mort en 1519, puis François Philibert qui fut fait prisonnier de guerre à Lyon. Le château de la Fléchère sera incendié durant la première occupation française de la Savoie en 1536 par les troupes de François 1er et d’Henri II.


Texte source Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie par le Cte E. Amédée de Foras édité en 1892

Volume 2, page 397 (source BNF-Gallica)


Un autre personnage de cette famille est Charles qui sera Conseiller d’Etat et Chevalier d’honneur au Souverain Sénat de Savoie le 2 août 1635 (mort avant le 24 juin 1649). Son fils Joseph étant mort jeune, il transmettra ses biens à sa fille Anne-Marie Françoise.


Texte source Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie par le Cte E. Amédée de Foras édité en 1892

Volume 2, page 397 (source BNF-Gallica)


Effigie de Charles de la Fléchère à l’intérieur du château au rez-de-chaussée

(photo MT Buda 25 mai 2018)


Le château continue à être transmis aux différents membres de la famille de La Fléchère. En 1750 un certain Claude-François de Pilly (ou de Pelly né en 1724), entrera au service du roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel III de Savoie, en 1740.






Claude-François de Pilly épousera en 1750 Jacqueline Gasparde de la Fléchère de Beauregard qui était copropriétaire de la tour de Mons et du château de Vanzy (source BNF Revue savoisienne de 1904, pages 106 et 107).

Un autre illustre personnage marquera également la famille de La Fléchère en 1793. Il s’agit du Comte d’Alex, François-Marie de La Fléchère (1727-1793). A la suite de l’insurrection d’Annecy survenue les 21 et 23 août 1793, François-Marie, ancien syndic de la ville, fut porté, malgré lui, à la tête du mouvement par les habitants. On proclame alors le rétablissement de la royauté et les emblèmes révolutionnaires sont détruits. De la Fléchère appelle alors les paysans des alentours à se joindre aux Annéciens lors de ces émeutes antijacobines. Le 23 août, il est abattu sur la route des Marquisats avec son neveu Pierre-Joseph de Pelly sur ordre de Jean-Claude Burnod, procureur-syndic du district. Les républicains reprirent ainsi la ville d’Annecy.


(1701-1773)

Charles-Emmanuel III de Savoie, roi de Sardaigne, duc de Savoie et prince de Piémont de 1730 à 1773

(photo source Wikipédia)


Les Marquisats à Annecy vers 1914

(photo source delcampe.fr


Texte extrait de la page 44 de l’ouvrage de 1894 Palais de l’Isle Annecy d’Aimé Burdet (source gallica.bnf.fr)

Définition Marquisat : terre frontière gouvernée par un marquis


Je me suis rendue dans le secteur des Marquisats le 3 août 2018 afin de tenter de dénicher la croix blanche. La seule que j’ai trouvée est celle-ci. Elle ne comporte aucune inscription et elle se trouve située au bas d’une zone boisée qui surplombe le lac, à proximité d’un arrêt de bus et d’un hôtel.


Photo MT Buda 03.08.2018   

Photo source delcampe.fr


Le 12 octobre 1793 le conseil municipal d’Annecy décidera de faire vendre tous les biens de François-Marie de la Fléchère et de raser la maison de la famille située au bas de la rampe du Château, rue de l’Isle. Cette décision sera exécutée à partir du 21 décembre 1793.


Extrait de l’ouvrage Ephémérides annéciennes & savoyardes de 1884 page 88

(source gallica.BNF.fr)


A l’emplacement  de cet ancien immeuble, au bas de la rampe du château, se trouve actuellement une fontaine qui a été installée en juillet 1966 (place des Efléchères).


Photos MT Buda

8 octobre 2018

Le château de la Fléchère à Vanzy sera acquis par Claude François Bastian. Cette famille Bastian a joué un rôle politique local important, notamment à Frangy. Claude François Bastian est notaire à Frangy depuis 1784 et il sera nommé régisseur des domaines nationaux du bureau de Frangy. Avec Hélène Chaumontet, son épouse, ils auront 5 enfants dont Claude-Pie Amédée  Bastian (1799-1872). Ce dernier épousera Georgine de Pelly et héritera du château en 1838.


Claude Bastian (1764-1838), notaire et maire de Frangy

(photo extraite de la page 341 de l’ouvrage Histoire des Communes Savoyardes, archives départementales de la Haute-Savoie)


Claude-François Bastian possédait également une tuilerie dont il est fait mention en 1804 (source Les ateliers frères de poterie de Vanzy de Paul Dufournet de 1979 pages 287 et 288 consultable sur le site www.persee.fr).


Extrait du plan cadastral du 10 février 1908

(source Archives Départementales de la Haute-Savoie, côte 3P 3/8969)

A l’intérieur du château au rez-de-chaussée une jolie collection de poteries fait honneur à la pièce (pot à lait, pot à eau, cruche, etc.) que j’ai pu photographier lors de ma seconde visite dans le château le 1er août 2018.


(photo MT Buda 1er août 2018, collection privée)


Les trois pots du centre proviennent de la poterie Pasutto qui a racheté la poterie Brunet en 1957.


Le pot marbré provient de la poterie Brunet qui exploitait également une poterie à Vanchy dans l’Ain.

(photo MT Buda 1er août 2018, collection privée)


La cuisine du château

(photo MT Buda 25 mai 2018


Le pressoir

Le four à pain

Un magnifique colombier est attenant au château. Au moyen-âge posséder un colombier était un privilège réservé à la noblesse.

(photo MT Buda 25 mai 2018)


(photo MT Buda 25 mai 2018)

(photos MT Buda 25 mai 2018)


Entre les deux guerres (1914-18 et 1939-45) des pièces du rez-de-chaussée du château furent transformées pour accueillir une épicerie qui était tenue par la famille Héritier. J’ai, par ailleurs, retrouvé une petite annonce parue le 9 juin 1934 dans le journal La Croix.


Annonce journal La Croix 9 juin 1934 page 6

(source BNF gallica.fr)

Le 24 mai 2011 s’éteint le dernier représentant de la famille de la Fléchère, le Comte Roger de la Fléchère descendant direct d’Hugues de la Fléchère, seigneur de Beauregard qui participera en 1366 à la croisade organisée par le Comte Vert pour venir en aide à l’empereur chrétien d’Orient. Toutes les branches de cette famille disparaissent après 800 ans de présence ininterrompue. Seule demeure encore la branche des de la Fléchère de Culoz dans l’Ain (source La Salévienne n° 73 été 2011 page 11).


L’armorial de la famille de la Fléchère porte d’azur au sautoir d’or cantonné de quatre aiglettes d’argent (photo source Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, volume 2 page 388, BNF-Gallica.fr)



Deux portraits anonymes de personnages ont été conservés dans le château. Le premier qui me paraît être le plus ancien par rapport au costume, doit dater de la période du Directoire vers 1798. L’habillement est allégé, les perruques ne se portent plus, les cheveux sont courts et les gilets sont échancrés.


Le second portrait est quelque peu difficile à dater. Je pense qu’il s’agit d’une tenue d’apparat. La redingote avec une chemise à col rond et un nœud papillon peuvent remonter vers 1880-1900.


(photo MT Buda 25 mai 2018)


(photo MT Buda 25 mai 2018)


(photo MT Buda 25 mai 2018)


Des concerts de musique sont organisés dans la cour du château, ici en septembre 2017.


(photo source Internet bulletin d’information de Vanzy de janvier 2018, page 2)

Enceinte entourant le jardin du château