FETE MEDIEVALE A CONTAMINE-SARZIN


En participant pour la première fois de ma vie à une fête médiévale qui s’est déroulée à Contamine-Sarzin le 4 septembre 2016, je me suis trouvée plongée dans l’atmosphère quelque peu exubérante de cette époque particulière de l’histoire qui s’étend de 476 à 1492 après JC.


Il est admis que l’époque médiévale débute par le déclin de l’empire romain d’occident et se termine par la renaissance et les grandes découvertes. Elle est également subdivisée entre le haut moyen-âge (de 476 à 987), le moyen âge central (de 987 à 1328) et le bas moyen-âge (1328 à 1492-1498). La fin du bas moyen-âge n’est pas clairement définie par les historiens qui se basent sur différentes dates symboliques dont notamment : 1492 Christophe Colomb arrive en Amérique et 1498 mort de Charles VIII, dernier roi direct de la dynastie des Valois (source Wikipédia).


(photo MT Buda 4 septembre 2016)

(photo MT Buda 4 septembre 2016)

Carte de l’Europe en 1190 (source Wikipédia)

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Dans notre région, cette longue période a été principalement marquée par les évènements suivants (source Wikipédia) :

En 443, les Burgondes s’installent sur le territoire de la Sapaudia (pays des sapins qui est à l’origine du nom moderne Savoie) et qui correspond à la région comprise entre le Jura et les Alpes, soit l’espace située entre l’Ain, le Rhône, la région du lac Léman, le Jura et la Suisse romande. Le royaume des Burgondes s’établit donc au cours des 5ème et 6ème siècle.

Se succèdent les Mérovingiens (6ème et 7ème siècle) puis les Carolingiens à partir du 8ème siècle.

Après la disparition des Carolingiens, le royaume de Bourgogne apparaît vers l’an 888. Mais la mort du dernier roi de Bourgogne, Rodolphe III le 6 septembre 1032 qui n’a pas d’héritier direct, donne lieu à une guerre de succession de près de deux ans et les territoires de la Sapaudia seront intégrés dans le Saint-Empire romain germanique.


Rodolphe III de Bourgogne (993-1032) source Wikipédia

En 1125 le Comte Amédée III de Savoie est à l’origine de la fondation par des moines cisterciens de l’Abbaye de Hautecombe sur la rive occidentale du lac du Bourget en Savoie. Elle est la nécropole des Comtes de Savoie et de leurs familles ainsi que de certains rois et reines d’Italie.

Amédée III de Savoie (1095-1148) source Wikipédia

Dessins de l’abbaye de Hautecombe extraits de l’ouvrage du Baron Joseph Jacquemoud édité en août 1843 (pages 9 et 80)

L’abbaye de Hautecombe de nos jours (photos Louis Buda 29 juillet 2016)

En 1416, la Savoie obtient le statut de Duché de l’empire romain et germanique sous Amédée VIII dit le Pacifique, Comte puis Duc de Savoie. Dès 1418 le duc de Savoir hérite de la province italienne du Piémont. La Maison de Savoie possède le contrôle des cols du Valais à la Méditerranée et les souverains savoyards sont puissants.


Amédée III dit le Pacifique (1383-1451) source Wikipédia

La fin du règne d’Amédée VIII qui abdiquera en 1434 ouvre une période de décadence dans notre région qui perdurera au moins jusqu’en 1630. Cette situation sera due en grande partie par l’impossibilité pour le duché de se maintenir à l’écart des conflits entre les grandes puissances européennes.


Ces événements historiques rappelés, la manifestation du 4 septembre 2016 m’a permis de rencontrer des passionnés de tous âges de cette époque lointaine.


La compagnie Irydia a assuré un spectacle de feu particulièrement impressionnant. Ce groupe de jeunes gens travaille dans l’univers de l’imaginaire du moyen-âge fantastique burlesque en proposant des animations variées de commedia, jonglage, combat, déambulation, escrime, etc.


Le spectacle de feu des membres de la compagnie IRYDIA (photos MT Buda 4 septembre 2016)

Au Temps des Croisades est une association qui a pour but de faire découvrir le monde médiéval axé sur la période des croisades uniquement de 1095 à 1291, d’une troupe de combattants aux armes de l’époque (épées, masse, haches et bâtons).



Troupe de combattants et armes (photos MT Buda 4 septembre 2016)

De Fil en Epée est une association d’évocation et de reconstitution de la vie au moyen-âge qui propose des animations sur la période de la fin du 14ème siècle – début 15ème siècle.


Reconstitution du quotidien médiéval dans un campement de toile (photos MT Buda 4 septembre 2016)

L’Esbaudye est une compagnie festive médiévale qui invite le public à s’amuser en musique avec chansons, jonglerie, contes et bouffonneries.


A droite les membres de la compagnie Esbaudye, à gauche les membres de l’association de Fil en Epée

(photos MT Buda 4 septembre 2016)


Une conteuse a eu la gentillesse de narrer quelques fabliaux (petites fables) devant un groupe de passionnés qui a été vivement conquis par la prestance de l’intéressée.


L’écriture des fabliaux s’étend sur une période d’environ 200 ans, de 1160 à 1340, mais connaît son développement au 13ème siècle. C’est un conte à rire écrit en français en vers octosyllabiques (8 syllabes) mettant en scène des épisodes de la vie quotidienne. C’est tellement épique que je ne peux m’empêcher de vous délivrer un petit aperçu du texte « La vache au prêtre » écrit par Jean Bodel (1165-1210) qui a été traduit en français moderne.



Je vais vous raconter l’histoire d’un vilain et de sa femme.

Pour la fête de Notre-Dame, ils allèrent prier à l’église. Avant de commencer l’office, le curé vint faire son sermon. Il dit qu’il était bon de donner au Bon Dieu et que celui-ci rendait le double à qui donnait de bon cœur.

« Entends-tu, ma chère, ce qu’a dit le curé ? fait le vilain à sa femme. Qui pour Dieu donne de bon cœur recevra de Dieu deux fois plus. Nous ne pourrions pas mieux employer notre vache, si bon te semble, que de la donner au curé. Elle a d’ailleurs bien peu de lait.

— Oui, à cette condition, je veux bien qu’il l’ait, dit-elle. »

Ils regagnent donc leur maison, sans en dire davantage. Le vilain va dans son étable, et prend la vache par la corde. Il la présente à son curé. Celui-ci était fin et madré :

« Cher sire, dit l’autre les mains jointes, en jurant qu’il n’a pas d’autres biens. Pour l’amour de Dieu, je vous donne Blérain. »

Il lui a mis la corde au poing, et jure qu’elle n’est plus sienne.

« Ami, tu viens d’agir sagement, répond le curé dom Constant qui toujours est d’humeur à prendre. Retourne en paix, tu as bien fait ton devoir. Si tous mes paroissiens étaient aussi sages que toi, j’aurais du bétail en abondance. »

Le vilain quitte le prêtre qui commande aussitôt qu’on fasse, pour l’apprivoiser, lier Blérain avec Brunain, sa propre vache. Le curé les mène en son jardin, trouve sa vache, puis les attache l’une à l’autre. La vache du prêtre se baisse, car elle voulait paître. Mais Blérain ne le veut pas, et tire la corde si fort qu’elle entraîne l’autre dehors, et la mène à travers maisons, champs et prés si bien qu’elle revient enfin chez elle, avec la vache du curé qu’elle avait bien de la peine à tirer. Le vilain regarde, la voit, et en a grande joie au cœur.

« Ah ! dit-il alors, ma chère, il est vrai que Dieu donne au double. Blérain revient avec une autre. C’est une belle vache brune. Nous en avons donc deux au lieu d’une. Notre étable sera petite ! »

Par cet exemple, ce fabliau nous montre que fou est celui qui ne se résigne pas. Le bien est à celui qui Dieu le donne et non à celui qui le cache et l’enfouit. Nul ne doublera son avoir sans grande chance. C’est par chance que le vilain eut deux vaches, et le prêtre aucune. Tel croit avancer qui recule.

Miniature datant du XIIIème siècle extraite d’un recueil de poésies de Jehan Bodel et qui le représente (homme tenant un texte dans ses mains). Miniature de la Bibilothèque nationale de France (source Wikipédia.org)

Document source Bibliotheca Augusta Fabliau IV

Les membres du Comité des fêtes qui ont organisé l’événement (photo Louis Buda)

Galerie photos de personnages médiévaux rencontrés lors de la fête


Prochaine manifestation

Les 2 et 3 septembre 2017