Le désastre continue dans le jardin en 2022



Les crises semblent se succéder et de mémoire de jardinier nul ne se souvient d’une année aussi calamiteuse que celle de 2022. En cause le manque de précipitations et de fortes chaleurs qui ont conduit la préfecture de Haute-Savoie à prendre des mesures restrictives en plaçant une grande partie du département en vigilance renforcée dès le 19 juillet.


Puis, dès le 5 août 2022, en raison de l’intensification de la sécheresse, le secteur des Usses est placé en situation de crise.


Pour ma part il m’a fallu redoubler d’effort pour que les récoltes puissent me permettre, comme chaque année, de remplir mes étagères ainsi que le congélateur. Rien n’a été simple et les rendements ont été plutôt médiocres. Heureusement que j’ai pu compter sur des voisins jardiniers, amies et connaissances pour échanger des légumes contre des fruits ce qui m’a permis de sauver ma saison. Mais avant cette folle période caniculaire tout avait débuté normalement dans le jardin.


En ce début d’année 2022, le potager est encore bien endormi sous une bonne épaisseur de feuilles.


MT Buda 24 janvier 2022

Grâce à cette protection naturelle que je réalise chaque année durant l’automne, je confie mon jardin aux vers de terre et insectes qui vont travailler et ameublir la terre en décomposant les matières organiques. Il en est de même pour la serre où j’ai déjà retourné la terre à la bêche et enfoui les feuilles décomposées en décembre 2021. Les grosses mottes sont caractéristiques d’une terre argileuse qui devient collante lorsqu’elle est humide.


Intérieur de la serre

MT Buda 24 janvier 2022

Quant aux poireaux et aux choux, ces derniers prospèrent tranquillement dans un sol bien amendé pour des récoltes au début du printemps.


MT Buda 24 janvier 2022


J’ai souhaité réaliser le 30 janvier 2022 une petite expérience avec des graines de tomates Marmande. Elles ont été gardées au chaud à l’intérieur de la maison, derrière une fenêtre, bien exposées au soleil et le 13 février elles s’étaient déjà développées. Je vais tenter de séparer les plus beaux plants et de les repiquer.


MT Buda 13 février 2022

J’ai aussi complété mon expérience avec des graines de persil semées le 28 janvier 2022 à l’abri sur ma terrasse. Le résultat est encourageant. Les plants seront repiqués en pleine terre le 10 avril 2022 et produiront en grande quantité un persil très savoureux récolté et congelé en partie le 30 juin juste avant le début de la sécheresse.


MT Buda 13 février 2022

Les premiers crocus apparaissent le 24 février 2022 mais l’hiver n’est pas encore fini ici en Haute-Savoie.


MT Buda 24 février 2022


Comme chaque année j’entreprends en février le débroussaillage d’une partie de la parcelle communale qui se trouve derrière ma clôture qui est envahie par des ronces. Ce travail est réalisé au sécateur et me permet de dégager les arbustes qui retiennent la terre. Cette forêt est indispensable car elle offre un refuge aux petits animaux et les arbres apportent de la fraîcheur. Il faut l’entretenir sans toutefois dénaturer son écosystème qui est fragile.


AVANT

APRES

MT Buda 24 février 2022

Comme le printemps semblait s’installer, mon amoureux que je n’ai pas voulu contrarier, a consenti à passer le motoculteur dans le potager le 5 mars 2022 pour enfouir les feuilles qui vont continuer à se dégrader et à fertiliser naturellement le sol.


MT Buda 5 mars 2022


Mais à vouloir trop espérer sur cette arrivée du printemps, la neige tombe à gros flocons ce 1er avril 2022 et c’est loin d’être une mauvaise blague.


Quelques jours plus tard le jardin est en pleine transformation. Les pensées restées sur la terrasse s’épanouissent et les arbres fruitiers sont en fleurs.


Le prunier reine-claude et le bigarreau le 6 avril, les pensées le 12 avril et le merisier le 14 avril


 MT Buda

Reine-Claude

Bigarreau

Merisier

Entre-temps, les graines de choux semées dans la serre ont grandi. Fernand m’a remis son surplus de plants de tomates que je me suis empressée de repiquer le 12 avril 2022.

Les choux de Milan, Romanesco, Bruxelles semés le 8 avril

Les plants de tomates de Fernand repiqués le 12 avril

Les lilas sont en fleurs le 1er mai et les ornithogales (dames de onze heures car les fleurs blanches s’ouvrent à 11h00) envahissent les iris. Ces ornithogales ont été plantées par l’ancien propriétaire de la maison fin des années 1980 et elles sont devenues envahissantes. Il me faut chaque année gérer la situation.


MT Buda 1er mai 2022

Selon le dicton bien connu des jardiniers il faut planter les pommes de terre quand les lilas sont en fleurs. Mais cette année je n’ai pas voulu attendre cette floraison qui a été un peu contrariée par la neige du 1er avril et j’ai planté les pommes de terre précoces Rosabelle le 14 avril (un jour racine) puis les pommes de terre Chérie et Charlotte le 23 avril (également un jour racine).


En attendant les poireaux d’hiver photographiés le 24 janvier 2022 terminent leur croissance avant d’être congelés.


Les rangées de poireaux et les blettes dont j’ai récolté les graines en 2021

(photos MT Buda 1er mai 2022)


Les cassis qui annoncent déjà une belle récolte et la rhubarbe envahie par les framboisiers.

Photos MT Buda 5 mai 2022



Les choux romanesco de 2021 sont en fleurs et je vais bientôt pouvoir récupérer les graines à semer en 2023. Derrière, les cardons semés en 2021 qui vont produire des fleurs cette année. Je vais également récupérer les graines pour 2023.


Choux Romanesco

Cardons

Pommes de terre

Lignes de courgettes et de pommes de terre avec le lin qui les protègent des doryphores. C’est à partir du 14 mai que les températures deviennent inédites pour la saison avec des 30 degrés et même 33,1 le 21 mai. Et ce mois de mai ne nous accordera que 34 mm de pluie ce qui est vraiment peu.


Courgettes

Lin

Pommes de terre


Le lin et le redoutable doryphore

Photos MT Buda 5 mai 2022


Les bigarreaux qui vont malheureusement sécher. En période de sécheresse je pense que les arbres utilisent leurs fruits pour se protéger. C’est pourquoi je ne cueille jamais tous les fruits sur mes arbres afin de les préserver.

Photo MT Buda 5 mai 2022

Après quelques jours de vacances et malgré le système d’arrosage automatique avec de l’eau de pluie installé et géré à distance par mon amoureux, je découvre mon potager dévasté par la sécheresse. Dès le 17 juin le thermomètre affiche 33° et même 38,2° le 18 juin. Les rayons de soleil ont brûlé mes jeunes plants de courgettes, courges et tomates. Je vais pourtant arriver à sauver quelques courgettes et tomates mais pour les haricots il est trop tard car les fleurs brûlées sont tombées.


A partir du 10 mai 2022, je vais récolter la paille sur la partir basse du jardin afin de protéger mes cultures. Ci-dessous les verveines.

Le 13 juin 2022 j’en profite pour stériliser une belle quantité de cerises qui m’ont été données par Christophe (34 pots de 0.350).

MT Buda 13 juin 2022

Les deux lignes de haricots qui ne produiront plus rien et l’herbe en contrebas du potager qui est complètement brûlée. Les petits fruitiers (framboisiers et mûriers), les cerises et les bigarreaux ont leurs fruits complètement séchés. C’est une très grande déception.


MT Buda 21 juin 2022

Mes premières courgettes qui ont échappé à la sécheresse.



Je vais pourtant parvenir à récolter les cassis et groseilliers qui ont bien résisté et qui vont me permettre de réaliser 9 pots de gelées.


MT Buda 24 juin 2022


Le mois de juillet n’apporte guère de meilleures perspectives et il va falloir admettre que les récoltes vont être médiocres durant ces prochaines semaines. D’ailleurs, le thermomètre continue de s’affoler et il est impossible de jardiner. J’arrose au pied des plants très tard en soirée grâce à mes réserves d’eau de pluie car des restrictions ont été mises en place par la préfecture. Quant à la pluviométrie de ce mois fatidique pour les jardiniers elle se situe à 15 mm !


Une récolte inespérée le 15 juillet que l’on va consommer immédiatement.


MT Buda 15 juillet 2022


Le thermomètre qui s’affole en fin d’après-midi les 14 (39,1°) et 20 juillet (41,5°)

Photos Louis Buda


J’en peux plus !

Heureusement que je peux compter sur des échanges entre jardiniers pour compléter mes pauvres récoltes.


Ici des cornichons que j’ai pu stériliser procurés par Anne-Marie le 15 juillet et des courgettes offertes par Céline le 20 juillet


Les courges et les maïs se protègent et arrêtent leur croissance. Les fânes des pommes de terre sont jaunes et les haricots brûlent (photos MT Buda 21 juillet 2022)


Maïs

Courge

Haricot

Pomme de terre

A l’intérieur de la serre les feuilles des plants de tomates jaunissent et je décide d’installer une bâche pour filtrer les rayons de soleil le 23 juillet. Mais peine perdue les plants ne produisent plus rien.


MT Buda 23 juillet et 1er août 2022


Heureusement que la nature demeure généreuse car les pruniers sont très chargés de fruits cette année ce qui me permet d’en distribuer autour de moi.


Un de mes mirabelliers le 1er août 2022


La sécheresse perdure au mois d’août accompagnée de fortes températures avec des valeurs en journée s’échelonnant entre 29 et 40,7 °.

Photo Louis Buda 3 août 2022 : 40,6°


Il est temps de cueillir les premières mirabelles qui doivent être un peu fermes pour les stériliser. Mais comme 2022 est une année exceptionnelle, il me faudra 7 jours pour préparer 110 bocaux (entre le 4 et le 13 août 2022). Je n’ai plus de place sur mes étagères et je suis contrainte d’en distribuer.

Photos du 4 août 2022. Il fait 40 degrés sur la terrasse.

Je peux dire que ces bocaux se méritent et que je vais les apprécier cet hiver.


En échange de prunes et de mirabelles Céline me donne le 5 août ces belles tomates Cherry de son jardin qui est protégé du soleil brûlant. Du coup comme elle a une récolte très abondante de melons de Cavaillon qui sont bien mûrs, j’en récupère tout un lot. Je suis très contente car je vais en plus conserver des graines pour l’année prochaine.


En prévision de la récolte prochaine de pommes de terre mon amoureux a adapté sur le motoculteur un soc qu’il vient d’acheter facilitant l’arrachage des tubercules. Sans cet accessoire il sera très difficile cette année d’extraire les pommes de terre dans un sol extrêmement dur. Je suis un peu inquiète par cette nouveauté.


L’arrachage s’est bien déroulé avec une première récolte de pommes de terre Chérie.



Le 8 août 2022 Anne-Marie m’apporte un panier de cornichons en échange de mirabelles. Ils vont être immédiatement stérilisés et conservés dans le vinaigre pour cet hiver. A cette même date c’est au tour de Jean-Philippe de me proposer une quantité incroyable de courgettes qui vont compléter mon stock d’hiver dans le congélateur à hauteur de 5 kg.


Tous mes bocaux de stérilisations étant utilisés le surplus de mirabelles ayant été mis en conserve (confitures) ou congelé, il me reste encore une ultime solution pour ne pas jeter ces derniers beaux fruits que plus personne de mon entourage ne veut. Je vais les sécher au moyen de mon déshydratateur alimentaire. Je ferai également un essai un peu plus tard avec des pommes.


Comme cette opération est assez longue (entre 8 et 10h00), j’utilise bien sûr cet appareil lorsque les panneaux solaires produisent suffisamment dans la journée.



MT Buda 15 et 21 août 2022

Le 21 août, je dispose de tomates bien mûres (qui m’ont été données) que je souhaite sécher pour les conserver dans l’huile d’olives pour cet hiver. Pour cette année je vais devoir tester une recette trouvée sur Internet ne connaissant pas exactement la durée de séchage des tomates pour obtenir une texture ni trop sèche ni trop molle.


Quand j’ai ouvert un premier pot en novembre, j’ai vite compris que le temps de séchage avait été trop long car les tomates étaient un peu dures (nous avons quand même fini le pot et entamé le suivant). Or, elles doivent rester un peu souples. J’en prends note pour l’année prochaine.


Très belles récoltes de verveine qui a su profiter des grosses chaleurs. Je vais pouvoir en distribuer autour de moi.

MT Buda du 18 août 2022


Le 22 août je stérilise quelques pots de pommes qui ne vont pas bien se conserver en raison de la sécheresse. Elles sont très sucrées.



Le 24 août c’est la maman de Vincent dont je viens de faire la connaissance qui me procure d’excellentes pêches de vignes de son jardin. Le lendemain, après en avoir consommé quelques-unes, les plus fermes finissent dans le stérilisateur pour cet hiver.


Nous arrivons à la fin de ce mois d’août qui a vu enfin la pluie arriver le 14. Mes étagères finissent de se remplir. Quant au congélateur, il est plein en grande partie grâce aux nombreux échanges que j’ai pu réaliser.


Les noyers ne semblent pas dépérir après ce long été de chaleur mais les coques de noix me paraissent petites. Cependant j’ai remarqué que des fissures apparaissaient sur les troncs. A suivre de près.


Un des noyers le 26 août et la récolte à partir du 6 octobre. Le second noyer produira également la même quantité donc au total 2 bacs. Je vais pouvoir en 2023 me rendre à l’huilerie Berger de Seyssel pour extraire l’huile des noix ainsi récoltées.




A mon retour de vacances, le jardin a littéralement changé d’aspect avec la venue de la pluie en septembre qui s’élève malgré tout à 155 mm. Même les plans de verveine s’épanouissent et les choux ont bien prospéré. Quant aux cardons qui étaient rabougris et que je croyais perdus les voilà maintenant en plein développement.


Choux

Verveine

Cardon

MT Buda 6 octobre 2022

A partir du 13 octobre j’arrache les derniers plants de tomates qui ne produisent plus et la semaine suivante je recouvre le sol avec les premières feuilles tombées des arbres fruitiers. Cette année les arbres vont conserver leur feuilles jusqu’au mois de décembre. J’ai du travail assuré dans le jardin jusqu’à la fin de l’année.


Curieusement et durant mon absence plusieurs plants de tomates ont poussé dans le jardin entre les courgettes et les haricots. J’ai récolté quelques spécimens encore verts et nous avons encore pu les consommer jusqu’en novembre.

Dernières récoltes du 26 octobre 2022

La petite récolte de courges. Je ne pourrai pas fournir en suffisance mes connaissances.

Les kakis sont précoces et j’ai installé des protections pour éloigner les oiseaux qui sont très friands de ces fruits. Finalement la cueillette qui sera fructueuse se terminera le 26 novembre.


Le 16 novembre un grand soleil me permet de stériliser gratuitement (grâce aux panneaux photovoltaïques) 34 litres de jus de pommes qui cette année est exceptionnellement sucré.


Une partie du jus de pommes et les panneaux photovoltaïques dans le jardin avec des citernes complémentaires de stockage d’eau de pluie.



Et le 21 novembre je n’ai pas résisté à cueillir les quelques framboises que la nature a bien voulu m’offrir.


Le 28 novembre je procède à la pose de protection autour des cardons afin qu’ils blanchissent. Cette opération est un peu pénible car il faut éviter les petites blessures aux mains par les épines qui subsistent sur les cardes. En plus en ce mois de novembre le sol est détrempé.


Mais quelle récolte : une brouette pleine et 3 kg de cardons congelés. J’ai dû en donner faute de place dans le congélateur.


MT Buda 17 décembre 2022

Petit à petit le potager est recouvert de feuilles pour protéger le sol annonçant la fin des travaux de jardinage pour cette année. J’abandonne mon jardin et je le laisse se reposer jusqu’au mois de mars 2023 avant d’attaquer une nouvelle saison.



Le potager le 29 décembre 2022

Ici le lin a été coupé et abandonné sur place

Ce que j’ai appris sur cette année 2022 de jardinage c’est que les échanges en ces temps difficiles sont une manière de renouer les liens qui avaient disparus durant la crise sanitaire.

Et maintenant je vais me reposer

Et pour terminer voici une belle pensée d’Henry Dupuis (1640-1703), jardinier en chef de Louis XIV sous les ordres de Le Nôtre :


Il est impossible d’obtenir de belles plantes et de beaux arbres sans les aimer. Car ce n’est pas seulement la qualité de la terre ou la richesse de la fumure ou la situation favorable du lieu qui les font bien pousser, mais c’est aussi l’amour que leur maître leur porte qui les rend beaux, prospères et vigoureux.


C’est fait