LA CRISE DANS LE JARDIN EN  2020

Publication du 3 avril 2020 de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes


Extrait de la dérogation préfectorale de la région Auvergne-Rhône-Alpes

Les primevères sont jetées ainsi que les tulipes

(photos source Internet France 3 et France bleu)


Photo MT Buda 15 février 2020

Cette année 2020 a été particulière dans bien des domaines mais aussi dans le jardin où la crise s’est annoncée dès le mois de mars.

En effet, à partir du 17 mars à midi, le confinement et la fermeture de tous les commerces non alimentaires ont laissé dans le désarroi le plus complet tous les jardiniers amateurs. Dès cette date, les jardineries et les pépinières étaient fermés car ces commerces étaient jugés comme non essentiels. On sait pourtant que 25 % des fruits et légumes du pays sont cultivés par des jardiniers amateurs (source le journal Le Midi Libre du 17 avril 2020). Il a fallu attendre le 3 avril pour que la vente des plants potagers soit considérée comme un achat de première nécessité. Il a donc été possible aux jardiniers de s’approvisionner en plants de légumes et de semences potagères.


Malheureusement il était interdit à ces commerces de vendre des plantes ornementales occasionnant ainsi des pertes considérables de végétaux. J’ai pu voir des reportages affligeants sur des quantités incroyables de plantes et de fleurs qui ont été jetées notamment par des horticulteurs. Un tel gaspillage est vraiment déconcertant. Quel gâchis et quel manque de respect pour la nature et pour les producteurs.


Ayant été également prise au dépourvu il me manquait le terreau indispensable pour faire démarrer mes semis. Cette période de premier confinement a nécessité une certaine dose de patience. Je n’ai pu enfin acquérir ce précieux terreau qu’à partir du 11 avril 2020.


Pourtant tout avait bien commencé. L’hiver n’avait pas été trop rigoureux et dans mon jardin les premiers crocus étaient visibles dès le 15 février 2020. Entre le 9 et le 24 février les températures extérieures s’échelonnaient entre 10 et 18,6° avec de belles journées ensoleillées.


Mon voisin Christophe était venu tailler mes arbres fruitiers le 15 février 2020 et il faisait 12 degrés.


Photos MT Buda 15 février 2020


Par contre, le mois de mars 2020 a été particulièrement humide avec près de 117mm de pluie. Entre le 2 et le 5 mars j’ai relevé 75mm de pluie et le niveau des Usses s’est considérablement élevé.


Pluies diluviennes sur la commune

(photo MT Buda 5 mars 2020, hameau de Sarzin)


Personne ne pourra oublier le 17 mars 2020 avec la mise en place du premier confinement et tout son lot d’interdictions. J’en ai profité pour bêcher le sol de la serre le 21 mars 2020 sans vraiment savoir quand je pourrais débuter mes semis.


La serre avant les travaux de bêchage

(photo MT Buda 5 mars 2020 )

Les feuilles qui recouvraient le sol du potager depuis le mois de novembre 2019 se sont bien décomposées et mon amoureux a pu ainsi retourner la terre le 21 mars pour enfouir ce qu’il restait.


Le sol du potager en novembre 2019 et en mars 2020

(photos MT Buda)

Ici le terrain attend avec impatience les premières plantations de légumes

(photo MT Buda 1er avril 2020)


Le cerisier bigarreau avec ses premières fleurs, le prunier et le merisier

(photos MT Buda 3 avril 2020)


Les fruits du merisier se forment très rapidement

(photo MT Buda 24 avril 2020)


Après avoir pu acquérir mes deux sacs de terreau bio le 11 avril 2020 j’ai profité d’un jour fruits du calendrier lunaire pour semer dans la serre le 13 avril les graines de tomates, poivrons, cornichons, concombres, courges, courgettes et pâtissons. Ouf, il était temps. Dans la foulée j’ai aussi semé le 18 avril (jour fleurs) les choux brocolis, romanesco, Bruxelles et cabus, puis le 20 (jour feuilles) les graines de persil, basilic et poireaux. Comme chacun le sait je travaille toujours avec le calendrier lunaire.


Tout est bien sorti et la nature s’est bien adaptée au confinement

(photo MT Buda 28 avril 2020)


Mon amoureux a installé le système d’arrosage automatique spécifique dans la serre, à droite pour les tomates et à gauche pour les poivrons. C’est lui qui a la lourde responsabilité de s’assurer du bon fonctionnement de l’installation à l’aide d’un logiciel de gestion et d’une caméra intégrée.


(photo MT Buda 4 mai 2020)


J’ai planté dans le jardin potager les pommes de terre et les oignons le 15 avril 2020.


Les premiers plants de pommes de terre apparaissent le 8 mai et le buttage des lignes est réalisé le 20 mai 2020

(photos MT Buda)



A partir du 15 mai et lors de mes nombreuses promenades dans la nature, je surveille l’évolution des acacias. Le moment venu, je prélève alors sans excès quelques grappes de fleurs pour préparer de délicieux beignets.


Beignets de fleurs d’acacias photographiés le 20 mai 2020

(photos MT Buda)


J’ai eu une surproduction de plants de tomates Marmande. Je me suis résolue à repiquer 42 plants dans le potager afin de ne pas trop encombrer la serre. Les tomates sont très sensibles au mildiou et lors des orages fréquents en été, la maladie se développe très vite. J’évite donc de cultiver les tomates à l’extérieur. Malheureusement cette année avec les fortes températures du mois de juillet de nombreux plants qui n’étaient pas encore arrivés à maturité ont brûlé à l’intérieur de la serre. Les tomates à l’extérieur ont par ailleurs bien résisté à la maladie et aux orages. Il ne faut jamais être sûr de rien dans l’agriculture.


A gauche, les 42 plants de tomates repiqués le 19 mai 2020 dans le potager. Le 7 juillet 2020 les plants à l’intérieur de la serre jaunissent et sont brûlés par le soleil. Le 17 août, je suis contrainte de les arracher.

(Photos MT Buda)


Les 27 et 28 mai 2020, Detlev un de mes voisins et ami de longue date, a eu la gentillesse de m’inviter à ramasser les cerises dans son jardin. L’arbre était magnifique. J’ai ainsi pu cueillir 25 kg de fruits qui m’ont permis de réaliser 53 bocaux de 0.500 litres de cerises stérilisées et 10 sacs de 0.500 grammes de cerises congelées. Comme à l’habitude j’ai remercié le cerisier pour cette belle récolte.


« Il faut toujours remercier l’arbre à karité sous lequel on a ramassé de bons fruits pendant la bonne saison » (A. Kourouma, écrivain ivoirien).

Le karité est un arbre sacré et vénéré de la savane.


Photos MT Buda 27 mai 2020

J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir réaliser ce travail de conservation des cerises car le 3 juin 2020 vers 14h15 un violent orage de pluie et de grêle s’est abattu sur le village. En quelques minutes des millions de petits grêlons ont blanchi le sol occasionnant des dégâts irrémédiables aux cultures.


Photos MT Buda 3 juin 2020


Les premiers dégâts qui ont été constatés ont rapidement été réparés (branches d’arbres cassées, feuilles et fleurs hachées). Pour le reste, les pommes ainsi que les prunes ont gardé des impacts sur leurs fruits et beaucoup ont pourri. Quant à mon cerisier bigarreau toute la production a été perdue. Heureusement Detlev m’a à nouveau proposé de terminer la récolte des dernières cerises qui n’avaient pas trop souffert de la grêle mais dont l’état de maturité était déjà bien avancée. Et c’est ainsi que j’ai pu encore récolter 4 kg de cerises qui m’ont permis de réaliser 10 pots de confiture.


Cet épisode de grêle inattendue aura également pour conséquence de retarder les récoltes des légumes car de nombreux plants, notamment les courgettes et courges, auront souffert.



Le jardin le 30 juin 2020 n’est pas très avancé.La nature sait heureusement se soigner toute seule

(photo MT Buda)


Le 25 juin 2020 les merises sont prêtes à être récoltées. En général la cueillette s’effectue en juillet mais cette année le merisier a pris de l’avance. Je récolte presque en même temps les framboises.


Photos MT Buda des 19 et  25 juin 2020


La merise 2020 est malheureusement un peu acide mais mon amoureux l’aime bien comme ça. J’ai donc pu stériliser 28 pots et congeler 4 kg pour cet hiver.


Photo MT Buda 25 juin 2020


La chaleur s’installe rapidement et le 24 juin 2020 le thermomètre affiche 37,6°. Il va falloir se préparer à arroser le jardin. Heureusement toutes mes citernes d’eau de pluie sont pleines.

Avant le début de l’arrosage, j’en profite pour cueillir la verveine qui est très belle cette année. L’hiver passé, Serge qui est un bénévole au Repair Café de Frangy, m’a donné 6 claies de séchage pour me faciliter la tâche puisque je n’étais jusqu’à présent pas bien équipée. Effectivement ce matériel me simplifie grandement le travail d’autant plus que je récolte également pour le séchage toutes mes herbes de Provence ainsi que la menthe.



Photo MT Buda 6 juillet 2020


Le jardin se remet lentement de l’épisode grêle du 3 juin. Je crains beaucoup pour les récoltes d’autant plus que de fortes chaleurs sont observées durant les journées (entre 35 et 39 degrés). Je désespère un peu car rien ne semble produire en ce mois de juillet.


Photo MT Buda 15 juillet 2020

Photo Louis Buda 30 juillet 2020


Quant aux fruits, il n’y a que très peu de mirabelles et le feuillage a été très abîmé. Je parviens toutefois à réaliser 35 pots de stérilisation ce qui est nettement insuffisant pour notre propre consommation. Il va falloir s’en accommoder.


Finalement l’espoir revient avec les premières pluies tant attendues du mois d’août. Et comme par magie le jardin se réveille enfin et je peux profiter de ce que l’on pourrait appeler « mes premières vraies récoltes ». Les choses vont néanmoins s’accélérer sans pour autant me rassurer complètement sur cette année que je souhaite oublier.



La triste récolte du 15 août 2020

(photo MT Buda)


Je tente une nouvelle expérience avec des pruneaux récoltés le 19 août. Je vais réaliser quelques pots de stérilisation (en fait 7). Mais cette variété de pruneaux ne convient pas à la stérilisation et les fruits sont ramollis dans les bocaux. Mon amoureux ne voudra pas les manger. Je vais donc les consommer sachant que je ne renouvellerai pas cet essai.


Le prunier le 16 juillet 2020

Le jardin est toujours aussi triste le 20 août 2020

Cependant, la tomate se défend bien cette année et cette fameuse Marmande est délicieuse. Nous en profitons pleinement. C’est mon voisin André qui m’a donné les premières graines il y a plus de 10 ans et je continue à les conserver d’une année sur l’autre.

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Photos MT Buda 26 août 2020

A l’intérieur de la serre les premiers poivrons sont récoltés.


Photos MT Buda 27 août 2020

Les courgettes et pâtissons se laissent enfin cueillir.


Quant aux courges elles prospèrent lentement mais je sais d’ores et déjà que la récolte ne me permettra pas d’en donner. C’est toujours gratifiant de donner le surplus de ses récoltes pour éviter le gaspillage.


photos MT Buda 27 août 2020


Les cardons profitent bien de l’arrosage et des quelques pluies.


Le 2 septembre 2020 il est temps de ramasser les pommes dont certaines ont été endommagées par la grêle et qui ont fini dans mon composteur. Comme il me reste encore beaucoup de jus de pommes de l’année passée en raison notamment du confinement et du manque d’invités à la maison, je ne vais stériliser que 43 litres.


Stock 2019 et production 2020

Photo MT Buda 2 septembre 2020



Durant mes vacances du mois de septembre, j’ai laissé mon jardin à Florence qui vient chaque année cueillir les légumes pour sa propre consommation. Elle a été enchantée cette année de récolter les haricots, les tomates et les poivrons. Lors de mon retour j’ai d’ailleurs été étonnée par la quantité de légumes qu’il restait encore à cueillir. Décidément la nature est pleine de surprise.


Une récolte inattendue le 30 septembre 2020


C’est aussi à partir du 30 septembre 2020 que je m’active pour cueillir mes tomates pour réaliser du coulis en bocaux. Quelle belle réussite cette année puisque j’ai pu stériliser 26 pots rangés à côté des 25 pots de cornichons.


Le 6 octobre cueillette des coings pour réaliser la gelée. J’ai voulu faire de la pâte de coings mais pour une raison inconnue elle est restée un peu liquide. Un peu déçue du résultat.


Je termine avec les coings la saison des gelées et confitures qui sont stockées dans des armoires spécialement concues dans le garage à l’abri de la lumière. Pour 2020, j’ai préparé en moyenne une dizaine de pots de confitures de cerises et de mirabelles ainsi que la même quantité de gelées de framboises, mûres et coings. Quelques pots seront néanmoins distribués à nos connaissances car nous ne parvenons jamais à écouler une telle quantité.


Photo MT Buda janvier 2021

A partir de fin septembre et tous les matins, je m’active pour ramasser les noix et cette année la récolte est fructueuse. Je consomme quodiennement des noix depuis plus de 30 ans car elles sont sources de vitamines B et elles contiennent notamment du magnésium, du fer et du potassium.


Les noix doivent être séchées avant le stockage

Photos MT Buda 7 et 8 octobre 2020


En raison de cette exceptionnelle récolte et sur les conseils très avisés de Serge je vais sans doute m’organiser pour transformer une partie de ces noix en huile. J’espère pouvoir vous faire profiter de cette expérience si l’occasion m’est donnée dans un prochain article.


Le 20 octobre le temps est ensoleillé et je récolte les courges. Petite déception car la quantité souhaitée n’est pas au rendez-vous et quelques-unes, endommagées par la grêle, ont fini dans le composteur.


La petite récolte du 20 octobre 2020. A droite les courges abîmées par la grêle du 3 juin.

Par contre, je continue à ramasser de magnifiques poivrons à l’intérieur de la serre. Durant mes vacances en Espagne en 2019, j’ai récupéré des graines de plusieurs poivrons achetés chez un petit revendeur local de fruits et légumes. J’ai semé les graines en mars. C’était une expérience car je pensais qu’il s’agissait de graines hybrides qui n’allaient rien produire. Je me suis bien trompée.


Le petit épicier de quartier (photo Google Map 2019)

Photo MT Buda 21 octobre 2020

L’automne est déjà bien installé et je ramasse les feuilles pour les répartir sur le sol du potager. Elles vont se décomposer progressivement durant l’hiver.


Les feuilles mortes stockées dans le potager avec les cardons protégés dans des sacs pour achever le blanchissement

(photo MT Buda 23 novembre 2020)



En rendant visite à ma voisine Florine j’ai aperçu quelque chose d’étrange dans son jardin. J’ai dû m’approcher pour m’assurer que je ne rêvais pas. C’était bien vrai : il y avait un jeune olivier couvert de fruits. Il est donc possible de cultiver des olives à Contamine-Sarzin.


Photos MT Buda 23 novembre 2020

Après un premier épisode de neige suivi par du gel je suis contrainte de cueillir les kakis qui ne sont pas encore arrivés à maturité (la chair n’étant pas encore molle). Cette variété rustique du plaqueminier n’est comestible que si les fruits sont blets (ce qui ne veut pas dire pourris) mais qui rebutent certaines personnes. Et pourtant le kaki est riche en vitamine C.


Photos MT Buda 6 et 14 décembre 2020


Comble de malchance cette année, les kakis se conservent très mal. En principe je les consomme jusqu’au début du mois de mars. Mais cette récolte 2020 ne se conservera pas au-delà de fin janvier 2021.


Je décide de récolter les cardons le 19 décembre 2020 pour préparer l’incontournable gratin du repas de Noël bien que cette fête manque d’enthousiasme cette année en raison des mesures sanitaires. Je ne vais certes pas renoncer à cette tradition culinaire dans ma région d’adoption.



Une partie de cette belle récolte finira au congélateur et sera consommée durant l’hiver 2020-2021

Photo MT Buda 19 décembre 2020


Une bien triste nouvelle nous a accompagnés durant ce mois de décembre. Notre ami de toujours était très malade. Nous nous sommes parlé le 5 décembre 2020 ; il était inquiet mais confiant.

Militaire de carrière tous comme les hommes de ma famille, nous nous comprenions à demi-mot. Fidèle lecteur de mes articles il m’avait transmis en 2013 de nombreuses anciennes photos sur le village. C’était aussi un jardinier amateur et aucune plante adventice ne lui résistait.

Il s’en est allé le 19 janvier 2021. Adieu Major. Grande tristesse.