LES CORRESPONDANCES DES POILUS

En octobre 1914, après les premiers affrontements, au cours desquels beaucoup de combattants ont été capturés, le CICR (Comité International de la Croix Rouge) a ouvert son Agence internationale à Genève.


Dès les premières semaines du conflit, les centres de tri postaux sont rapidement débordés par le volume du courrier à acheminer, contraignant l’administration des postes à s’organiser rapidement d’autant plus que de très nombreux fonctionnaires des PTT sont également mobilisés.

Dès le mois d’octobre 1914 et par jour 600’000 lettres  et 40’000 colis vont vers le front. En avril 1915, 4 millions de lettres ordinaires et 150’000 paquets transitent vers le front (source www.laposte.fr). La situation va s’accentuer avec les 8 millions de prisonniers de guerre qui seront incarcérés dans des camps.

L’agence des Prisonniers de Guerre à Genève (actuellement musée Rath) (document source delcampe.fr)


Pendant le conflit, il a établi des fiches et des listes concernant près de deux millions et demi de prisonniers de guerre. Il a visité un grand nombre de ces prisonniers et permis à leurs familles d’envoyer des colis d’articles de secours (informations extraites du site du CICR).


article extrait de l’Express du Midi le 3 janvier 1918

Joseph Jules Gay de Contamine-Sarzin, né en 1893, a intégré le 5ème régiment d’infanterie coloniale le 27 novembre 1913. Au cours d’une bataille à Baccarat (Meurthe et Moselle), il a été blessé par des éclats d’obus et fait prisonnier le 25 août 1914. Il a été interné dans les camps de Lechfeld et Puchheim en Bavière (voir carte) puis dans un camp de triage de prisonniers à Landshut. Cette photo a été prise probablement le 6 juin 1916 par les délégués espagnols de la Croix Rouge à Landshut. Joseph Gay sera rapatrié d’Allemagne le 22 décembre 1918.

Carte envoyée à sa mère par Joseph Gay (collection privée)



Extrait fiche militaire de Joseph Gay (source Archives Départementales de la Haute-Savoie, cote 1R806)


Prisonniers français dans le camp de Puchheim

Photo source Delcampe.net)

Un exemple de la correspondance échangée avec les poilus datée du 10 juillet 1916

(document collection privée)


Ici un courrier du 3 juin 1917 d’un soldat du 203ème Régiment d’Infanterie prisonnier dans le camp de Nürenberg (Nürnberg) en Bavière (collection privée)


L’expression « Les marraines de guerre » désigne les femmes ou les jeunes filles qui entretiennent des correspondances avec les soldats au front afin de les soutenir moralement et psychologiquement. Il s'agissait souvent de soldats livrés à eux-mêmes, ayant par exemple perdu leur famille.



Un exemple de correspondances échangées avec les soldats (documents collection privée)


Lechfeld       Puscheim    Landshut        

La marraine de guerre faisait parvenir des lettres à son soldat mais pouvait également envoyer des colis, des cadeaux, des photographies (source Wikipédia). La première association des marraines de guerre « La Famille du Soldat » a été fondée le 11 janvier 1915 par Marguerite De Lens. D’autres associations suivront relayées par de nombreux journaux comme notamment l’Echo de Paris et le Journal et la Croix.


Toute la correspondance est réglementée entre les soldats au front et leurs familles. Une censure est mise en place dès la mobilisation : tous les courriers sont vérifiés par un officier de l’état-major puis à chaque étape de l’acheminement. Aucune indication stratégique, de lieu ou de mouvements de troupes ne doit être transmise. Cependant, certaines lettres rédigées en patois ont dû échapper à la censure.

Le mot Poilu, est le surnom donné aux soldats français de la première guerre mondiale. Ce surnom est typique de cette guerre.

Le mot « poilu » désignait aussi à l’époque, dans le langage familier ou argotique, quelqu’un de courageux et de viril. Avant d’être soldat de la Marne, le « poilu » est le grognard d’Austerlitz.

Lors de la mobilisation, l’uniforme du soldat français est complètement dépassé.  Le pantalon ainsi que le képi sont de couleur rouge faisant des soldats de véritables cibles pour l’ennemi. Cette situation a contraint l’armée à distribuer rapidement des couvre-képis et des couvre-pantalons de couleur bleu. Mais il sera trop tard pour des milliers de poilus qui perdront la vie durant les premières semaines du conflit.

Le 22 août 1914 lors de la bataille des frontières dans les Ardennes belges 27’000 soldats français seront tués lors de cette sanglante journée. Il s’agit du jour le plus meurtrier dans l’histoire de France.

Plusieurs personnes m’ont confié des photos de leurs aïeuls qui ont été mobilisés durant la première guerre mondiale. Je les remercie infiniment d’avoir pris la peine de rechercher ces documents que je vous livre ici un peu pêle-mêle.


Mais rien ne doit effacer de ce que l’on a appelé

« plus jamais ça ».


Soldats du 22ème Régiment d’Infanterie basé à Bourgoin.

Cette photo datée du 23 septembre 1914 représente plusieurs soldats en détachement à l’Alhambra



Un groupe de soldat du 304e Régiment d’Infanterie en septembre 1915.Ce régiment était affecté depuis le 10 avril 1915 au Bois d’Ailly (Hauts de Meuse)


Un groupe de soldats du 203e R.I. dans le secteur de Verdun le 23 novembre 1916



Un groupe de soldats en mai 1917. Il est indiqué au dos de cette photo « triste souvenir ». Il est peut être ici fait référence aux mutineries collectives qui se sont déclarées entre le 20 mai et le 10 juin 1917.

A cette période le RI 203 occupait le sous-secteur de l’Argonne-est en Champagne-Ardennes.


Un groupe de soldats du 35ème Régiment d’Infanterie

(photo non datée)


Remise de décoration sur le front le 20 janvier 1916

(photo probablement prise dans le secteur de Verdun)

Un groupe de soldats de l’infanterie

(photo non datée)


Des soldats du 133ème Régiment d’Infanterie à la caserne de Belley (Ain)

Photo non datée


Groupe de soldats autour d’une mitrailleuse, probablement une Hotschkiss 1914, qui était la principale arme automatique réglementaire de l’armée française à partir de 1915




A Contamine-Sarzin, le sous-lieutenant, François Marie Bachet du 143ème RI.

Blessé le 9 mars 1915 au Bois Sabot en Champagne. A été nommé le 19 novembre 1915 à l’ordre de la Légion d’Honneur au grade de Chevalier avec l’attribution de la croix de guerre avec palme (photo collection privée)

Pétrus Dubois est né le 16 mars 1880 à Chilly.

Il est incorporé au 52ème RI basé à Montélimar. Le 2 août 1914, il répond à l’appel de mobilisation générale et se retrouve dans les Vosges. Dès le mois de septembre 1916 Il combat dans le secteur de Verdun. Il sera capturé par l’ennemi le 29 mai 1918 et transféré dans le camp de prisonniers de Soltau en Basse-Saxe (nord de l’Allemagne). Il sera libéré à Namur le 15 novembre 1918.

(photo extraite du bulletin municipal de Chilly n° 27 du mois de janvier 1998)

Héros, qui avez versés en masse dans la terre comme du blé,

Froment pur dont l’étroit sillon impassable a été comblé

Qui flamboie et qui foudroie depuis les Vosges jusqu’à  la mer du Nord

C’est à vous que va ma pensée, vous surtout dans les pieds des vivants qui êtes morts.


Paul Claudel (Aux Morts des Armées de la République)