LES ELEMENTS DE LA VIE A CHILLY GRAVES SUR LES VITRAUX

Toponymie du nom du village

Le nom de Chilly vient du franco provençal savoyard « chillon » qui signifie pierre plate.


Le mot chillon comme le vieux français chaillou vient lui-même du gaulois caljavo (caillouteux) qui a donné le bas latin caliavum qu’on retrouve dans les mots caillou ou caillasse (source Wikipédia). Le village se nomme Cura de Chillier vers 1344.


Les épreuves des habitants inscrits sur les vitraux de l’église


L’étude des vitraux qui ornent l’église de Chilly est riche d’enseignement. En effet, certains d’entre eux témoignent des vicissitudes des habitants.


L’église avant 1923

(Photo collection privée)

L’église de nos jours

(Photo MT Buda janvier 2016)

La porte d’entrée de l’église est surmontée de cette plaque en latin qui pourrait être traduite par :

« Au Dieu tout puissant,

sous l’invocation de St-Ignace d’Antioche, évêque,

sous l’autorité de l’église édifiée en 1841 »


D.O.M (déo optimo maximo)       au dieu tout puissant

Sub. Inv. S. JgnatII.Episcopi      sous l’invocation de St-Ignace d’Antioche, évêque

An. D’AB.Ecclésia.Constructa  sous l’autorité de l’église catholique édifiée en MDCCCXLI                                  1841


Chilly faisait partie du territoire des Allobroges (entre l’Isère, le Rhône et les Alpes du nord) et elle était l’une des 524 paroisses du diocèse de Genève avec pour capitale Vienne. D’ailleurs le territoire des Allobroges est très usuellement défini comme celui qui correspond en grande partie aux actuels départements de la Savoie, la Haute-Savoie et l’Isère.


En 1198, l’église dépend du couvent St-Victor de Genève.

Extrait du Regestre Genevois

(source digi.archives.org)


Il est rapporté par les chanoines de Saint-Pierre de Genève que » le comte Amédée n’a pas craint, dans le courant du mois d’août 1291, après avoir commis des exactions à Genève, d’envahir les possessions de l’église en exerçant des violences dans les paroisses de Desingy, de Chilly, Valeiry, Bernex et d’Onex et qu’il a enlevé tous les produits et récoltes ».


Extrait du Regestre Genevois, Reg 1349

(source digi.archives.org)



Dès 1411, de nombreuses visites pastorales seront réalisées dans l’église dont notamment celle du 25 août 1581 par Monseigneur Claude De Granier qui demande qu’une cloche soit installée et que les murs et le plancher de la nef soient réparés.


A Genève, la rue St-Victor (artère qui part du pont de Carouge pour aboutir à la place du Marché) a été baptisée ainsi en 1785 en raison de la proximité des terres qui appartenaient au prieuré de Saint-Victor.


Plan de Genève avec les limites des franchises et des paroisses en 1477

(Source bibliothèque numérique de Genève)


Emplacement du prieuré de Saint-Victor

La partie qui abrite le clocher a pu être conservée dans son état original après avoir été consolidée.


La présence de meurtrières peut laisser supposer que l’église a été fortifiée pour protéger les habitants durant les périodes troubles, le clocher étant transformé en une sorte de donjon défensif.




(Photos MT Buda 28 janvier 2016)

Meurtrière vue depuis l’intérieur du clocher

Ancien bénitier dans l’entrée du clocher

Par la suite, c’est François de Sales qui réalisera une visite le 20 juin 1607 et qui constatera l’état de dégradation de l’église.

En 1841, l’église sera agrandie dans le style baroque. C’est également à cette époque que le clocher sera rehaussé.



Le 22 mai 1844 l’église, dédiée à

Saint Ignace d’Antioche, accueillera la cérémonie de la dédicace réalisée en présence de Monseigneur Louis Rendu (1789-1859), évêque d’Annecy

de 1843 à 1859


Portrait de Louis Rendu tiré du livre de François Mugnier, cote 2Fi 1

(source archives.ain.fr)


En 1856 l’église verra l’érection d’un autel de St-François de Sales et en 1877 une cloche sera installée.


Les deux cloches installées dans le clocher

(photo MT Buda 28 janvier 2016)




Dès 1923 les deux rotondes qui abritaient les chapelles de St-Joseph et du St-Esprit seront démantelées.


Une toile datée de 1929 de Sainte-Thérèse qui protège le village sera placée dans l’autel Ste-Thérèse de l’enfant Jésus.

Cette toile sera ensuite déplacée lors de la suppression des autels latéraux et la réfection du cœur en 1983 et installée à gauche de l’entrée.


En 1968, une réfection complète de la toiture et du clocher sera réalisée et en 1983, interviendra la modification de la tribune et du hall d’entrée.


Quant aux 11 magnifiques vitraux qui ornent les murs de l’église, 7 ont été rénovés vers 1920 et 4 sont restés en vitrage simple, sans doute par manque de moyens financiers. En général, certains vitraux relatent des scènes ou des événements dans la vie locale, d’autres sont des œuvres qui rendent hommage aux soldats disparus ou sont en lien avec un drame.


Photo collection privée

Ce vitrail a été créé à la mémoire de Célestin Petrus et Antoine Chamosset morts pour la France durant la première guerre mondiale.


Pour la présence d’une ancre sur le vitrail, je pense qu’il s’agit d’une partie de l’insigne du régiment du génie où était rattaché Claude Antoine Chamosset.  

Célestin Petrus (Paul) Chamosset né le 9 décembre 1891 (parents Joseph Chamosset et Marie Dalex domiciliés dans le hameau de Lacry) a intégré le 97ème Régiment d’Infanterie en 1913 alors qu’il effectuait son service militaire. Le régiment est envoyé dans le Pas de Calais dès le début du conflit et il se bat dans le secteur d’Arras et de Roclincourt. Célestin Paul Chamosset sera tué le 8 octobre 1914 à la Maison Blanche lors d’un assaut. Il avait 23 ans.


Claude Antoine Chamosset né le 5 juin 1891 (parents Louis Chamosset et Louise Granger domiciliés dans le hameau de Lacry) a intégré le 4ème régiment du génie (sapeur-mineur) basé à Grenoble. Il sert d’abord dans l’armée des Alpes en août 1914. Son régiment est envoyé en Meurthe et Moselle. Il mourra des suites de ses blessures à l’hôpital auxiliaire 102 à Lunéville le 6 décembre 1915. Il est enterré dans la nécropole nationale Friscatti, tombe n° 877. Il avait 24 ans.



Oculus sur l’entrée de l’église

Ouverture circulaire aménagée dans un mur.


Ce vitrail a été créé à la mémoire d’Antoinette Verluchère qui était la fille de Jean-Marie Verluchère et de Victorine Tissot domiciliés dans le hameau de Férraz.

Elle était née en 1896 et elle est décédée en 1917 à l’âge de

21 ans.


Ce vitrail a été créé à la mémoire des membres de la famille Georges. L’inscription indique « en souvenir de M. et J. Georges, Marie Georges 1927 ». Je pense qu’il s’agit de Marie (née en 1880) épouse de Joseph Georges (né en 1876) domiciliés dans le hameau Les Vernay.

Cette œuvre a été fabriquée par les ateliers Bessac à Grenoble fondés en 1860 par l’Abbé Pron et Antoine Bessac (1824-1873). De nos jours les ateliers continuent leur activité sous la dénomination des Ateliers Berthier-Bessac.


Ce vitrail a été créé en 1927 par les ateliers Bessac pour la famille de François Perret qui a voulu marquer sa reconnaissance à la sainte vierge. Cette famille de Curnillex était composée de François Perret né en 1821 de son épouse Jacqueline Coissard née en 1838, de leurs enfants Joseph (né le 15 avril 1863) et de Jean-François né le 12 décembre 1864.

Joseph Perret et son épouse Joséphine Lachenal (née le 29 août 1863) eurent 4 enfants dont Théophile né le 18 novembre 1889 qui est mort pour la France le 22 août 1914 en Alsace.

Ce vitrail a été créé en souvenir de la famille Mermin François. Cette famille de Novéry était composée des parents (François Mermin et de son épouse Philomène Juillet) et de leurs enfants Jeanne et Marie.

Ce vitrail, en reconnaissance à Sainte-Thérèse, ne comporte aucune inscription. Elle est notamment la sainte patronne de la perte des parents.

Les 4 thèmes dominants de la vie


En 2015, l’association paroissiale a mené une réflexion afin de finaliser l’installation des derniers vitraux. Ainsi les 4 thèmes dominants de la vie ont été retenus : la terre, l’eau, l’air et le feu. La terre représente l’élément solide, l’eau l’élément liquide, l’air l’élément gazeux et le feu l’élément actif.




Ces éléments sont également transposables sur le plan physique de l’être humain :

Ces 4 vitraux sont l’œuvre de Madame Christine Charbonnel (Miroiterie des Savoie) à Saint-Pierre en Faucigny. Ces travaux ont été financés par l’association paroissiale. Le père Jo a écrit les textes correspondants aux quatre thèmes dominants de la vie.


LA TERRE

L’EAU


L’AIR

LE FEU