LES PERSONNALITÉS QUI ONT MARQUÉ L’HISTOIRE DE CHAUMONT

Au cours d’un voyage organisé par l’Office de Tourisme du Val des Usses le 16 octobre 2016, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Joëlle Ghigo qui commente des balades sur Chaumont et qui participe également aux Journées européennes du Patrimoine.


Tout dernièrement, en septembre 2017, Joëlle a repris contact avec moi pour me demander si j’accepterais de publier sur mon site Internet une partie de ses travaux de recherches sur l’histoire de son village. J’ai immédiatement répondu favorablement à sa requête estimant que son travail devait être partagé par tous. Je vous livre ci-après un premier chapitre sur les personnalités qui ont marqué l’histoire de Chaumont et qui sont notamment les suivantes : Monseigneur de Thiollaz (1752-1832), Pierre Marie Mermier (1790-1862), François Antoine Curtet (1763-1830),

Charles et Laurence Blanc (1904-1944 et 1907-1963)


Né le 8 avril 1752 au château de Thiollaz à Chaumont, il oriente très tôt sa vie vers le sacerdoce et, avec l’aide de son cousin germain, Monseigneur Jean-Pierre Biord (1719-1785), il fait ses études à la Sorbonne pour être ordonné en 1776.


Monseigneur Jean-Pierre Biord

(source Internet mémoires et documents publiés par l’académie Salésienne)


Il devient rapidement vicaire général du diocèse et prévôt du chapitre. Pendant la révolution (1789), il est arrêté deux fois puis libéré. Après le concordat (1801-1814), il devient le premier évêque du diocèse d’Annecy, nouvellement créé en septembre 1822.


Durant son épiscopat, il fondera en 1807 le petit séminaire à la Roche sur Foron dans les locaux de l’ancien couvent des sœurs Bernardines qui reprendra le titre du collège Sainte Marie.


Il réimplantera les visitandines à Annecy qui voulaient reconstituer leur communauté en achetant un terrain à la périphérie de la ville en 1822. Un nouveau monastère fut construit en 1824 et une église en 1826 (source diocèse-annecy.fr).


Dessin Delcampe.fr

Photo source Gallica.bnf.fr

Photo source Wikipédia


Il oeuvrera beaucoup pour l’éducation et surtout pour l’éducation religieuse (nouveau catéchisme). Il marquera son attachement à son village en faisant agrandir l’église de Chaumont et en restaurant la chapelle Saint-Jean.

L’église de Chaumont

Photo MT Buda 12.11.2011)


La chapelle Saint-Jean

(Photo MT Buda 21.01.2016)

Chaumont vers 1924

Chaumont en 2011

Il demeure un intellectuel et le montrera dans son essai « de la nature de l’autorité souveraine ».


Monseigneur de Thiollaz s’éteint à Annecy le 14 mars 1832 à l’âge de 80 ans. Les obsèques se déroulèrent le 17 mars 1832. Le convoi, au départ du palais épiscopal parcourut les principales rues de la ville d’Annecy pour entrer ensuite dans la cathédrale. Le caveau destiné à la sépulture des évêques a été placé dans la nef latérale (source ouvrage Histoire de Monseigneur de Thiollaz, tome II, page 545).


Photo source diocese-annecy.fr

Père Pierre Marie Mermier

1790-1862

Pierre Marie Mermier est né le 28 août 1790 à Vovray, hameau de Chaumont. En 1792, le culte catholique est interdit et les prêtres sont poursuivis (la liberté de culte sera rétablie en 1800). Ses parents abritent des prêtres clandestins de passage dans la région. La messe est parfois célébrée en cachette chez eux ce qui fait naître la vocation de Pierre Marie Mermier (source Wikipédia).


Un bénitier à  l’intérieur de la maison témoigne de la ferveur de la famille

(photo Jean-Louis Sartre 27 mai 2009)


C’est sa mère, Antoinette Bastian, ancienne élève du pensionnat de la Visitation, qui a tenu à ce qu’il reçoive une éducation religieuse. Son instruction sera d’ailleurs assurée par sa mère qui apprendra également à lire aux enfants du village. A 11 ans, il est confié à la petite école de Villy le Bouveret que venait d’ouvrir le curé du village. Collégien ensuite à Melan, il entre au séminaire de Chambéry en 1807 malgré les réticences de son père. Il est ordonné prêtre le 21 mars 1813.


Photo source Delcampe.fr

En 1819, il est nommé par l’évêque de Chambéry, curé du Châtelard (source Wikipédia). A partir de 1821, face à l’indifférence religieuse de l’époque, il se tourne vers les missions pastorales encouragé à ses débuts par Monseigneur de Thiollaz. Plus tard en 1838, il fonde la congrégation des Missionnaires de St-François de Sales et avec Claudine Echernier, celle des Sœurs de la Croix de Chavanod. Entre 1828 et 1857, Pierre Marie Mermier dirigera personnellement plus de 90 missions et ses actions marqueront profondément l’Eglise de Savoie.

Il tombe malade en 1857 et il perd la vue. Il entreprend néanmoins un pèlerinage à Notre-Dame de la Salette en juillet 1859. Il mourra le 30 septembre 1862 dans la maison mère de sa congrégation à La Feuillette, près d’Annecy.

La maison du couvent de Chaumont où les religieuses de la Croix étaient chargées de l’éducation des jeunes filles de campagnes témoigne de son attachement à son village natal.

Le 20 juin 2007, ont été transférées dans un caveau de la crypte de la basilique de la Visitation les dépouilles du missionnaire fondateur, le père Pierre-Marie Mermier et de son ami et évêque Monseigneur Pierre-Joseph Rey.

La maison natale à Vovray

(photo Joëlle Ghigo 25 janvier 2018)

La Feuillette près du château d’Annecy en 1894 (Cliché J. Morand)

 Source ouvrage La vie du Père Mermier par Léon Buffet 1926

Ce fut le premier petit pensionnat-école-internat pour jeunes filles de la congrégation. Il créa une vingtaine d’écoles sur 10 ans dans notamment les villages de Savigny, Vulbens et Valleiry.


Maison de l’ancien couvent

(photo MT Buda 5 janvier 2018)


Entrée de la maison côté jardin

(photo Soeur Odile Vaudaux)

Agrandissement de la plaque

(photo Joëlle Ghigo janvier 2003)

Auparavant, ils reposaient en compagnie d’une trentaine d’autres missionnaires dans une crypte située sur un terrain voisin de la basilique que la Congrégation a vendu (source Wikipédia).


Crypte de la basilique

(Photo source Wikipédia)

Tombeau à gauche dans la crypte

(Photo Joëlle Ghigo 29 août 2015)

Mgr Pierre-Joseph Rey

(photo extraite de l’ouvrage d’Adrien Duval « Pierre Mermier pionner de la Mission Pastorale en Savoie »).

Monseigneur Claude-François de Thiollaz

1752-1832



François-Antoine Curtet

1763-1830


François-Antoine Curtet est né à Chaumont le 9 février 1763 dans une famille de 5 enfants. Il est le fils de Christophe Curtet et de Marie-Anne Chiron.

Extrait de l’inventaire de l’état civil de Chaumont

(1804-1776)

Source Archives Départementales de la Haute-Savoie (côte E dépôt 65/GG4)

Il épouse à Bruxelles le 11 juin 1798 Barbe-Marie-Josèphe Van Mons (1776-1819) qui était la sœur du savant Jean-Baptiste Van Moos et il s’installe dans cette ville.

Il eut 2 filles dont l'ainée mourut en bas âge en 1800.

Dès 1803, il participe avec Jean-Baptiste Van Moos à la vie scientifique et littéraire. Il publiera divers mémoires.


Il est le seul à faire des études qui vont l’emmener à l’Université de Turin où il obtient le diplôme de chirurgien. Il s’engage alors dans l’armée française en qualité de chirurgien militaire.


Par la suite, François Antoine Curtet va figurer parmi les fondateurs de l’école de médecine de Bruxelles établie le 3 août 1805 où il sera professeur dès 1806 (anatomie et pathologie interne). L’enseignement est réalisé dans l’Ancienne Cour (palais de Charles de Lorraine).


Amateur d’art, il figure en 1803 parmi les membres fondateurs de la société de peinture, sculpture et architecture de Bruxelles.

Lithographie par Jean-Baptiste Madou

(source Wikipédia)

Jean-Baptiste Van Mons


Gravure du 17ème siècle de la cour intérieure du palais(source Internet)

Il mourra dans cette ville il est inhumé le 19 avril 1830 à l’âge de 67 ans.



Dans le chef-lieu de son village natal, une rue porte son nom. C’est d’ailleurs au numéro 1 que se trouve la mairie.

Photo MT Buda 28 juillet 2016


(Photo source Internet)


(photo source Wikipédia)

Charles et Laurence Blanc

1904-1944 et 1907-1963


Photos collection privée de Michelle Blanc remises le 10 janvier 2018


Charles Clément Blanc est né le 3 mars 1904 à Saint-Félix. Il est guide de haute montagne à Saint-Gervais. Il se marie en 1926 avec Laurence Viallet née le 18 janvier 1907. Le couple aura 3 filles, Josèphe (née en 1927) Isabelle (née en 1930) et Michelle (née en 1936). Durant la seconde guerre mondiale, il entre en résistance tout d’abord en recueillant des aviateurs alliés à Frangy (source Wikipédia).

Bien souvent, les gens croient que la résistance a consisté essentiellement en la lutte armée contre l’occupant, surtout dans cette région montagneuse où les maquisards étaient nombreux. La résistance était un fort mouvement de rébellion à l’ennemi et ses actions furent variées et multiples. Après la défaite de l’armée française en juin 1940, l’armistice entra en vigueur. Les troupes allemandes ne pénétrèrent pas en Haute-Savoie car le département était englobé dans la zone libre. Il est le seul, non occupé, à avoir une frontière avec la Suisse, pays neutre. Cette situation privilégiée fut génératrice de la création de nombreuses filières de passage.


Une famille BLANC de Saint-Gervais vint alors s’installer à Chaumont (point stratégique proche de Genève) dans une ferme isolée sur le plateau des Daines.


Photo collection privée de Michelle Blanc remise le 10 janvier 2018

Dès 1942, il créa une filière chargée de faire passer par l’Espagne et le Portugal des personnes réfugiées en France et en Suisse et désireuses de parvenir en Angleterre afin de servir dans les armées alliées. Au début de 1944, de nombreux pilotes britanniques et américains dont les avions avaient été abattus au-dessus de l’Allemagne, s’étaient réfugiés en Suisse. Charles Blanc, aidé de sa femme Laurence les prenaient en charge et les convoyaient jusqu’à Perpignan où d’autres résistants dont Pierre Cartelet les faisaient passer en Espagne.


Charles BLANC entra en résistance avec un ami catalan Pierre CARTELET.

Le 25 février 1944, Charles et Laurence Blanc furent arrêtés à la gare de Perpignan par les SS. Après cette arrestation, Pierre Cartelet prit en charge les 15 aviateurs américains que le couple avait recueillis et leur fit franchir la frontière. Il fut lui-même arrêté le 11 mai 1944 et exécuté le 27 juin 1944 au bois de la Reuille à Castelmaurou (nord-est de Toulouse).

Charles fut transféré à Lyon, torturé, condamné à mort et fusillé à la Doua le 7 avril 1944.


Mur des fusillés à la Nécropole Nationale de la Doua à Villeurbanne

(photos source Geneawiki.com et commons.wikimedia.org)


Sur la plaque apposée sur le mur des fusillés figure le nom de Charles Blanc sous le 7 avril 1944. Sur cette plaque sont répertoriés les noms de 77 résistants qui ont été retrouvés. 60 corps ont été rendus à leurs familles (source Wikipédia).


Laurence fut emprisonnée à Fresnes et déportée à Mauthausen puis transférée, probablement par le convoi du 2 mars 1945, à Ravensbrück d’où elle fut libérée par la Croix Rouge Suisse le 21 avril 1945.


Camp de Mauthausen en Autriche

(photo source mémoire de guerre)

Elle a été rapatriée à Annecy le 29 avril 1945 complètement épuisée. Elle décèdera à Chaumont le 16 décembre 1963. Charles et Laurence Blanc reposent ensemble dans le petit cimetière de Chaumont.

Pour Charles Blanc une plaque de la Royal Air Force Escaping Society. C’est une association caritative fondée en 1946 pour fournir une aide aux personnes et aux familles qui ont sauvé des membres de la Royal Air Force, évadés ou en fuite.


Pour Laurence Blanc une plaque de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP). C’est une association créée en octobre 1945 qui rassemble toutes les catégories de victimes du nazisme et qui regroupe notamment des activités de mémoire.


Le 5 juin 1999, une plaque commémorative a été apposée sur la façade de la ferme où habitaient Charles et Laurence Blanc qui se sont installés sur le plateau des Daines en 1942.


Le 12 mai 2001, une stèle a été érigée sur le plateau des Daines qui rappelle le courage des résistants.


(photos MT Buda 4 août 2013)

Le 12 juin 2009, une inauguration de la place Charles et Laurence Blanc a été organisée à Chaumont. C’est Michelle Blanc (fille de Charles et Laurence) qui a dévoilé la plaque commémorative.


Photos MT Buda 5 janvier 2018

La Visitation

Parcelle 432 : maison de la famille Curtet (actuellement bâtiment de la mairie)


Parcelle 535 : autre maison de la famille Curtet


Photo Louis Buda 2 février 2011  

  (source exposition OT Val des Usses)

Photo MT Buda 14 août 2014

Charles Blanc a reçu des marques de reconnaissance du Maréchal Montgomery et du Président Eisenhower ainsi que de la ville de Perpignan qui a donné son nom au lycée professionnel de cette ville.


Armoiries de Monseigneur  

Claude-François de Thiollaz

Extrait de la mappe sarde de Chaumont du 22 avril 1730

(source Archives Départementales de la Haute-Savoie, côte 1 C d 268-A


Ancienne école communale de Chaumont

Photo source delcampe.fr

Photo collection privée Joëlle Ghigo

L'action du Père Pierre Marie Mermier se poursuit de nos jours et dans le monde entier grâce à 1400 Sœurs de la Croix et 1300 Missionnaires de Saint-François de Sales.